A la banque
Aller à la banque à Madagascar, y avoir même un compte : un peu de dépaysement.
Tout d'abord, c'est la queue au guichet qui étonne. Parfois, aucune, parfois, la file d'attente sort en dehors du bâtiment, surtout en fin de mois, ou aux jours de versement de pensions, salaires... Certains jours, il vaut mieux renoncer, ou bien prendre son mal en patience, et attendre, attendre... Ensuite, la file d'attente parait parfois désordonnée. Parait seulement, car en fait chaque personne a déposé sur le bord du guichet son papier (chèque, feuille de versement, etc...), et attend un peu plus loin que ce soit son tour. Les personnes proches du comptoir font avancer les papiers au fur et à mesure. Il m'est déjà arrivé de poser mon papier, aller faire une course en ville, revenir, vérifier que mon papier était toujours bien dans la file, et attendre encore. Et je ne vous raconte pas comment j'ai parfois été gênée quand le guichetier m'a fait passer devant d'autres ! Sorte de racisme à l'envers, pensais-je, honteuse de ma chance, mais au final, c'était en tant que responsable de société qu'on me faisait passer plus vite, que je sois vazaha ou non... Ouf.
A force d'attendre à la banque, et d'y aller régulièrement, on fini par être un peu familiers avec les employés de banque. C'est sympa, on se donne les nouvelles, on se fait draguer... mais le sourire est toujours là et c'est agréable !
Le secret bancaire est une notion très relative. Il est arrivé qu'un gardien de banque vienne au bureau pour laisser le message que le compte d'un tel était à découvert, et qu'il fallait vite faire quelque chose. En effet, les chèques sans provisions sont passibles de prison !
A propos du secret bancaire, c'est assez gênant de faire un "gros" retrait d'argent liquide à la banque : il n'y a pas de "grosses" coupures (le billet le plus élevé est de 10.000 ariary ou 50.000 francs malagasy, soit moins de 5 euros, notre plus petit billet). Du coup, ce sont des liasses et des liasses de billets, agraffés par 10 (dix) qu'on nous donne. D'une part, il faut tout recompter, car il peut parfois y avoir des erreurs, et d'autre part, bonjour la discrétion ! Un jour, je devais payer des billets d'avion pour la France en liquide, environ 25 millions de francs malagasy, je n'avais pas prévu mon coup... Je me suis fait prêter une énorme enveloppe et ai acheté un journal pour cacher tout ça ! Je ne me sentais pas tranquille sur le trajet jusqu'à l'arrivée à l'agence de voyage !
Autre originalité : il m'est arrivé de poser un chèque à encaisser, et le compte n'était pas approvisionné. C'est moi qui ai dû payer les frais de rejet !
Enfin, à Madagascar, on est tout le temps en train d'essayer d'économiser, de ne pas dépenser. Cela va jusqu'à s'appliquer sur la façon de remplir un chèque : si vous avez fait une rature ou une erreur, plutôt que de le déchirer et de recommencer, vous pouvez tout simplement reécrire la somme sur le chèque, en libellant "je dis bien XX ariary". Il faut dire qu'il arrive souvent de faire des erreurs sur les chèques, avec ces millions et ces milliers (à l'époque) de francs malagasy !